Il y a 15 jours, on a rencontré Y84, alias Romain Grandmougin, artiste à plusieurs facettes. Un peu galère de se lever de bonne heure alors que les nuits ne cessent de se rallonger, mais on a pris notre courage à 2 mains, l’enregistreur dans l’une, le café dans l’autre.

Frühstück : Salut ! Tu t’appelles Romain Grandmougin, ton blase c’est Y84. Je vais commencer par une question évidente, pourquoi Y84 ?

Y84 : Déjà c’est ma date de naissance, je pense que t’avais capté. Pour le Y, c’est quelque chose qui revient souvent dans le graffiti, je voulais rester là-dessus, et faire une dédicasse à ce mouvement.

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Frühstück : Justement tu viens du graffiti, on voit beaucoup d’installations sur ton portfolio, de la direction artistique aussi, qu’est-ce que tu fais au final ?

Y84 : Bah justement… Je sais pas. Je me fais plaisir. Après de là à se mettre dans des cases, je trouve ça assez difficile. J’aime bien découvrir plusieurs trucs, je fais de la photo argentique par moment aussi. C’est assez vaste en fait.  

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Frühstück : T’estimes qu’un artiste doit toucher à tout ?

Y84 : Non pas forcément, chacun sa vision du truc. Surtout que quand tu touches à tout, tu peux vite perdre la main dans certaines choses, je crois que ça m’arrive des fois. C’est difficile d’exceller dans tout, mais d’un point de vue personnel, j’aime bien varier les projets.

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Frühstück : Et ton parcours ? T’as commencé par le graffiti, et après ?

Y84 : Alors j’ai fait une mise à niveau en arts appliqués, ensuite un BTS en communication visuelle au Corbusier, puis je suis passé par MJM. En même temps, j’ai travaillé chez Columbia Sportswear, comme j’étais en alternance. C’est d’ailleurs pour ça que je suis passé chez MJM, pour avoir un pied dans le professionnel. Après je suis parti chez Bruxelles, pour finalement revenir chez Actweb à Strasbourg. Et là je suis en freelance.

Frühstück : Et pourquoi Bruxelles ?

Y84 : Ouais… des histoires de copine (rires). Mais sinon c’est une belle ville aussi. Ça faisait plaisir de découvrir autre chose. Même si je suis pas de Strasbourg à la base.

Frühstück : Tu viens d’où ?


Y 84 :
Épinal, les Vosges.

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Frühstück : Qu’est-ce qui t’a poussé à te diriger vers l’art ?

Y84 : Bah… ma mère est prof d’art plastiques. Donc ça vient peut-être d’un peu plus loin. Mais je m’étais jamais dit que je ferai ça. J’ai d’ailleurs fait une fac de sport après le bac. Rien à voir. Mais c’est là que j’ai découvert le graffiti, tout ça. On a bien rigolé entre potes, et je me suis dit que je voulais bien en faire plus ou moins mon métier. Après, j’ai toujours été passionné sans le savoir. Le graphisme publicitaire, quand t’es jeune, tu le captes pas alors qu’il est partout. Derrière un logo, il y a un graphiste. Et moi, depuis tout petit, ça me dérangeait pas les pubs à la télé. J’étais passionné de toutes les pubs un peu rigolotes. Et puis je suis un enfant des 90s, la consommation à son apogée, et donc la pub.

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Frühstück : Donc en revenant de Bruxelles, t’es allé en agence. T’as kiffé être dans une structure ?

Y84 : Ils m’ont beaucoup apporté, et j’ai fait des projets cool. Après le petit hic, c’est des fois que ça va trop vite, on a pas assez de budget. Tu sors une grosse idée, mais trop coûteuse, parce qu’elle prend trop de temps à faire. Donc ouais, tu peux avoir des déceptions à ce niveau là. Je préfère aller des fois plus loin, en gagnant moins de sous. Mais après en gestion de clientèle, ça m’a beaucoup apporté aussi. J’ai aussi appris à travailler en collectif, à travailler ensemble. Et puis de la rigueur, de la rapidité de travail. Je trouve même que ça va trop vite, des fois. Donc je suis partagé dans les expériences en agence. Il y a du bon et du moins bon.

Frühstück : Aujourd’hui t’es freelance !

Y84 : Ouais, j’essaye (rires).

Frühstück : Et tu fais un peu de tout ?

Y84 : Ouais je crois que c’est un peu le problème (rires). Je fais des expos aussi. J’en ai fait une cette expo. Je fais du graphisme à côté. C’est vrai que je n’ai pas encore de ligne directrice bien définie. Entre graphisme, illustration, peintures… Je sais pas. Peut-être que je saurai jamais. Je fais mon truc, et je vois ce que ça donne. J’ai récemment fait plusieurs identités. Un barbier, un restaurant qui va ouvrir. En fait j’aime beaucoup la communication globale. De la création du nom, à la déclinaison de l’identité graphique. J’ai fait un peu de rédactionnel en agence, ça m’aide aussi aujourd’hui, pour créer des concepts, des campagnes. Et au final, comme je le disais, les pubs m’ont beaucoup inspiré, à mon tour j’aime faire ça.

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Frühstück : Si on parle d’inspiration, tu me citerai qui, ou quoi ?

Y84 : Beaucoup de personnes m’ont inspiré. Ça va de Kandinsky à Grems, même si j’ai beaucoup de mal à retrouver les noms. J’oublie tout le temps de noter ce que je vois. Mais ça va être des couleurs vives, des compositions à la Matisse. Des peintres qui avaient déjà une vision de graphiste. Et puis le graffiti toujours. Je suis plus inspiré par des mouvements. Notamment celui des 90s, de retour depuis 5 ans, avec des fonds colorés, des objets isolés. Cette esthétique là marche bien en ce moment, j’aime bien l’exploiter, comme tu peux le voir sur mon portfolio.

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Frühstück : On retrouve souvent dans tes compositions des plantes, notamment exotiques. Est-ce que c’est un retour au 90s aussi ?

Y84 : Nan je pense pas. Avant de faire de la scéno, quand j’exposais juste des tableaux, je plaçais toujours quelques plantes en-dessous. Histoire d’avoir de la vie. Au fur et à mesure, elles se sont immiscées dans l’oeuvre en elle-même. Comme un petit big up à la nature, et puis esthétiquement j’aime bien. Il y a beaucoup de formes différentes.

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Frühstück : Et la photo argentique dans tout ça ?

Y84 : Quand je peins, c’est souvent abstrait. Là je montre plutôt les gens. Des petites scènes de vie. Du réel. C’est un témoin de ma life. C’est un peu comme un journal. Et puis la photo t’es obligé d’y passer quand t’es graphiste. Et l’argentique change ton rapport à la photo. Ça implique de prendre la photo et de croiser les doigts jusqu’à chez le développeur. Donc c’est cool. Je m’y suis mis quand ma mère a lâché son argentique contre un numérique. Je l’ai récupéré et je me suis amusé.

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Frühstück : Tes projets dans le futur, c’est quoi ?

Y84 : Écoute, je vais me faire plaisir je crois. J’en ai pas de concrets pour cet hiver, j’ai quelques plans freelance de graphisme, mais pas d’expo ni quoi, mais je compte me faire plaisir, et graviter toujours autour de ces univers.

Frühstück : Et aux plus jeunes, t’aimerai leur dire quoi ?

Y84 : Alors… je les côtois souvent parce que j’aime bien faire la fête. Comme les étudiants en graphisme. Donc je les rencontre souvent en soirée.  Faudra que je trouve un autre truc après, parce que c’est pas très optimiste. Mais en gros, il y a plusieurs écoles à Strasbourg. Chaque année, il y a plus de 100 graphistes qui sortent des écoles. Malheureusement, il n’y a pas chaque année 100 postes qui se libèrent… Donc voilà, je leur dis ça. Ça les encourage pas forcément, mais c’est un peu la règle. Mais si tu te fais plaisir et que t’as la niak, et je pense que c’est ça qu’il faut retenir, c’est que tu feras partie de ces graphistes là. Faut que ça parte d’une passion, et ça ne peut que marcher, parce que ça se verra au quotidien.

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Frühstück : On finit par la question bonus, qu’est-ce que tu manges au frühstück ?

Y84 : Juste un café. Le croissant, c’est pour la pause de 10h. Après ça dépend des humeurs, j’avoue que depuis que je suis free, ça change un peu.


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