Lors d’une virée à Stuttgart, nous nous sommes entretenus avec la photographe allemande Damaris Riedinger. Nous suivions déjà son travail depuis un moment, qui mélange parfaitement des compositions urbaines très colorées et son affinité pour les portraits. Elle termine actuellement son cursus dans la publicité, et développe son art en parallèle.

Grâce à son don pour les langues, nous avons pu nous entretenir en français (le comble pour un blog nommé comme le nôtre).

Frühstück : Si tu devais donner ta propre définition de la photo en 1 phrase ?

Damaris : Je pense que c’est l’expression de ce que je vois.

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Frühstück : Quand as-tu commencé à en faire ?

Damaris : J’ai commencé à prendre des photos quand j’étais adolescente. Mes parents avaient un petit appareil numérique, un Canon. J’ai pris l’appareil et j’ai commencé à prendre toute la maison en photo. J’ai rempli toutes les cartes SD qu’on avait. Les photos étaient très… portées sur les détails, on va dire. Les gâteaux, les feuilles à l’extérieur, les fleurs… C’était ensuite à ma maman de trier tout ça. Elle n’a pas tout de suite compris ce que je faisais (rires).  

Frühstück : Et aujourd’hui, qu’est-ce qui t’attire dans la photo ?

Damaris : Je crois que j’ai toujours été sensible aux petits détails, comme par exemple la lumière qui tape sur un objet. Aujourd’hui, je trouve intéressant de jouer avec ça. Peu importe où je suis, je vois des choses. Et quand j’ai un appareil photo sur moi, je ne peux pas m’empêcher de “documenter” ces scènes.

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Frühstück : Est-ce que tu mets en scène des choses, ou tu les révèles telles que tu les as sous les yeux ?   

Damaris : Je pense que mon travail résulte d’un mélange. Le but pour moi, n’est pas de recréer ce qui existe déjà. Si la belle lumière, la belle composition se trouve devant moi… je ne vais pas chercher à la recréer, mais à la mettre en valeur dans ma photo. Capturer l’instant. Après, quand je prends des portraits de personnes, j’aime bien traduire l’instant, mais aussi le passé de la personne. Raconter son histoire.

Frühstück : En parlant des personnes, tu ne fais pas uniquement des photos très géométriques, mais également des portraits. Comment est-ce que tu expliques ces 2 axes ?

Damaris : Oui… J’ai toujours été attiré par l’organique, l’humain, les personnages. J’ai longtemps cru que l’architecture ou les compositions urbaines sont “fausses”, dans le sens où il n’y a pas de vie dedans, elles ne représentent pas de réel intérêt. Mais en développant les portraits, j’ai remarqué qu’il me manquait le contexte, l’environnement de la personne. Je faisais des plans très serrés, le visage remplissait toute la photo. À un moment, je me suis dit, c’est un peu “boring”… (ndlr. ennuyeux) Il faut inclure l’espace. Garder les yeux ouverts sur l’environnement du sujet. C’est là que j’ai commencé à m’intéresser aux compositions urbaines, et à y trouver un réel intérêt. Pour moi, le portrait représente au final une union de la photo de la personne, à celle de son contexte.

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Frühstück : Au final, dans tes scènes urbaines, est-ce que tu ne créerais pas un peu de vie par tes compositions ?

Damaris : Je dirai plutôt que j’ai appris à voir derrière chaque scène architecturale, une expression humaine. Typiquement, une maison est un espace où des gens habitent, investissent le lieu et une personnalité en ressort.

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L’important n’est pas où tu te trouves, mais plutôt ce que tu y vois.

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Frühstück : Est-ce que la photographie change ton regard sur la ville ?

Damaris : Oui, je pense que oui ! (rires). Stuttgart, ce n’est pas New York. On peut penser qu’il n’y a pas de choses intéressantes visuellement à chaque coin de rue. Mais avec le temps, j’ai appris que l’important n’est pas où tu te trouves, mais plutôt ce que tu y vois. Avec cette vision, il y a des choses intéressantes partout.

Frühstück : En parlant des États-Unis, tu y étais récemment, est-ce que ce voyage t’a influencé dans ton travail ?

Damaris : Oui, je pense que ce voyage a confirmé ce que je pensais. Qu’au final, peu importe si je suis aux États-Unis, en Allemagne, en France, tu peux toujours voir des choses partout. Après, en terme de couleurs, je pense que ce voyage m’a bien inspiré. La lumière était différente d’ici, je ne sais pas si ce sont juste mes yeux de vacancière qui ont vu ça (rires). Elle ressemblait davantage au sud de la France. Et je trouve les gens plus courageux avec les couleurs là-bas, à San Francisco notamment, quand on voit les maisons.

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Frühstück : Et plus généralement, qu’est-ce qui t’inspire dans la vie, pour ta photo ?

Damaris : Je pense que depuis petite, les rayures m’inspirent. Les points aussi. La couleur. D’ailleurs, pour l’anecdote, un jour un prof de musique m’a demandé comment je percevais un son. Je lui ai répondu par des formes et des couleurs. Il était étonné, moi je pensais que c’était le cas pour tout le monde (rires). Après je passe du temps sur Pinterest aussi, et sur des portfolios d’autres photographes. Regarder les autres m’aide à trouver mon propre style.

Frühstück : As-tu un, ou une, photographe que tu apprécies particulièrement ?

Damaris : J’aime beaucoup l’américaine Elizabeth Weinberg. Elle m’a énormément inspiré. Je la suis depuis 5 ans je pense. Je fais cependant attention à ne pas recréer ce qu’elle fait, mais de bien créer ma propre vision. Mais je pense que dans l’apprentissage, il y a toujours cette période où tu imites juste. Et puis tu te rends compte de ce qui te ressemble, et ce qui ne te ressemble pas. Je pense aussi au couple photographe Brinson + Banks. Eux sont plutôt funky, et chez Elizabeth Weinberg, j’aime beaucoup l’authenticité de ses images.

Frühstück : Tu diffuses beaucoup ton travail sur Instagram, pourquoi ce réseau ?

Damaris : Je pense qu’Instagram est devenu un espace très artistique. Sur Facebook, on trouve beaucoup de choses très personnelles, des événements, etc. Sur Instagram, j’aime qu’il y ait un but, une recherche esthétique. Je pense que c’est un réseau intéressant pour tous les artistes visuels. Et notamment les photographes.

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La photographie a ce pouvoir de montrer ceux qui ne sont pas vus,
de ne pas oublier ceux qui sont oubliés.

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Frühstück : Est-ce que tu as un rêve en photo ?

Damaris : Hum… Je pense que mon rêve est de travailler avec les magazines et les marques qui ont de bonnes valeurs. J’aimerais en même temps faire des projets à portée sociale. La photographie a ce pouvoir de montrer ceux qui ne sont pas vus, de ne pas oublier ceux qui sont oubliés. Je ressens cet appel, et je sens que j’aimerais développer ce côté là, et ne pas seulement travailler pour les marques.

Frühstück : Et à plus court terme, quels sont tes projets ?

Damaris : Je suis actuellement sur un projet avec les étudiants internationaux de mon campus. Je souhaite retranscrire comment ils vivent en Allemagne, à travers une série photo.
J’aimerai aussi être plus courageuse, et oser demander davantage aux gens de les prendre en photo.

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Frühstück : Place à la question bonus, qu’est-ce que tu manges au Frühstück ?

Damaris : J’aime beaucoup le frühstück. Et j’ai pour habitude de manger du pain et de la confiture, avec un bon café !

Frühstück : Merci Damaris !

Retrouvez Damaris Riedinger sur :
– Son site web : www.damarisriedinger.com
– Sa page Facebook : facebook.com/damarisriedingerphoto
– Son Instagram : instagram.com/damarisriedinger

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