Arnocraft

Cette semaine, Arnocraft, designer objet, est à l’honneur. 

Frühstück : Salut Arno. Peux-tu te présenter brièvement ?

Salut Ben ! Je suis un créatif barbu, adepte de la discrétion de l’élégance et de l’élégance de la discrétion, et un peu geek et autiste dans le fond. « Créez plus que vous ne consommez » est une citation qui me correspond bien.

Frühstück : Quel est ton parcours dans le design ?

J’ai commencé très tôt, à l’âge de 6 ans je dessinais beaucoup, et voulais être ingénieur/inventeur. Un mix entre Léonard De Vinci et Géo Trouvetou. La base était donc bien définie. Grandissant dans un garage aidant, et passant des mercredis créatifs chez ma grand-mère, les activités manuelles étaient naturelles pour moi. Après un bac scientifique, j’ai étudié à Paris dans une école de Design Produit pendant 4 ans. Et ça fait maintenant presque 10 ans que je suis designer dans le monde du sport et de la chaussure.

Je n’ai vraiment commencé mes créations fait main qu’il y a 5 ans.

Frühstück : Est-ce que tu vis de tes créations ? Ou tu as un boulot à côté ?

Tout ce que l’on peut voir sur Instagram sont des créations personnelles, le plus souvent comme cadeaux pour des amis ou simplement pour moi-même. La motivation première est de gérer le procès de création du début à la fin. Elaborer l’idée, définir le design, et réaliser à la main l’objet. Avoir une maitrise complète et être sûr que l’exécution finale corresponde à l’idée originale. Avec le plaisir de personnaliser l’objet pour une personne précise.

On me demande souvent si je les vends, ou me suggère de créer un shop en ligne. La question est en réflexion et l’idée d’ouvrir un shop Etsy fait son chemin.

Heureusement, j’ai un petit boulot pour boucler les fins de mois. Je suis designer de chaussures chez Puma.

Frühstück : Quel est le type de produit que tu préfères créer ?

Jusqu’à présent je crée principalement toutes sortes de petits accessoires : portefeuille, customisation de lunettes, collier, bijou, customisation de casquette… C’est ce qu’il y a de plus facile à faire, sachant que je n’ai pas un grand atelier. Et connaissant mon amour de la précision et du détail, c’est aussi ce qu’il y a de plus rapide à faire.

Mais j’ai aussi fait des objets un peu plus imposant comme la table basse skateboard, ou cet énorme luminaire géométrique en papier. Et j’ai dans un coin de ma tête une idée de table.

Frühstück : Avec quels matériaux es-tu le plus à l’aise ?

Le cuir est mon matériau favori. J’adore sa variété d’applications, à plat ou en volume, et sa facilité première d’utilisation qui peut devenir très sophistiquée au fur et à mesure qu’on le découvre.

Et le côté sensuel de la chose m’attire fortement : les différentes textures, la souplesse, la douceur. C’est vraiment un matériau qu’on travaille et ressent du bout des doigts.

J’aime aussi beaucoup toutes les matières naturelles comme le bois, le feutre, le liège. Ainsi que le papier et le tissus.

Frühstück : Sur ton Instagram, on a particulièrement aimé le porte-feuille assorti aux Jordan, peux-tu nous expliquer le process ?

L’un des premiers objet que j’ai fait main était un porte-carte, qui me permettait de sortir avec le minimum de chose sur moi.

Mon amie Claire, qui a créé sa marque Freckles Wear, m’a toujours proposé de faire des collaborations mixant nos deux univers. Après un premier projet de customisation de casquettes, j’ai trouvé ce cuir qui m’a fait directement pensé à la Air Jordan 3 et du coup à Claire et son univers hiphop. Nous nous sommes rapidement mis d’accord pour faire un porte-carte. Après avoir retravaillé le design, et ajusté la construction en fonction des matières utilisées, j’ai passé quelques heuuuuuures à découper, percer et coudre une petite série de porte-cartes siglés « Freckles Wear x Arno ».

  

Et comme on ne fait pas les choses à moitié, le tout était emballé dans une petite boite fait main décoré d’un texte à la machine à écrire. Et on a monté aussi un dossier de presse pour faire parler du projet ici et là.

Et pour boucler la boucle, récemment je lui ai offert une version Triple Black du porte-carte.

Frühstück : D’où tires-tu tes influences ?

De partout.

De mes amis, de ce que je vois et lis, de ce qui m’entoure.

Un article scientifique sur le coeur humain peut me faire penser à créer une table. Une oeuvre d’art avec une structure spécifique peut me donner envie de refaire la même chose à ma façon et avec mes moyens, et devenir un pendentif. Et même une porte d’ascenseur peut être inspirante (si si, projet à venir).

Tout ça s’articule autour du design bien sûr, de l’art, du sport, de la science, de la simplicité et l’élégance. Et j’aime tout particulièrement les projets qui combine héritage et modernité.

Frühstück : Quels sont tes projets en cours/futurs/secrets ?

Wow, alors vu que tout est sujet à une possible inspiration, j’ai une liste de projets que j’aimerais créer longue comme la muraille de Chine.

Allant d’une chaise, à une table, un luminaire, un collier, portefeuille, miroir, chaussons, chemise, oreiller, sac… Sachant que certains ne verront pas le jour par manque de temps.

J’ai aussi deux idées de labels que j’aimerais créer et développer, qui proposeraient des petites séries de produits fait main liés à mon univers. Plus peut-être un shop en ligne.

Et tous les anniversaires à venir et cadeaux qui en découlent.

Frühstück : À côté de ça, tu as édité des e-books de ton voyage à New York, quel souvenir gardes-tu de cette ville ?

Trop grand. Tout est trop grand. C’est le sentiment que tu as quand tu as fait deux aller-retours de la 5e Avenue. A pied.

Il y a tellement de choses à voir, qu’une semaine n’est pas assez. Il y en a pour tous les goûts.

Du coup je comprends l’émergence d’un Brooklyn/Williamsburg plus charmant, créatif et à taille humaine par rapport à la grandeur et démesure de l’écrasante Manhattan. Mais les deux méritent d’être explorés.

Frühstück : Et si on parle de Strasbourg, quel est ton spot favori ? 

J’aurais pu dire La Laiterie, Le Rafiot, le toit de la Cathédrale, le MAMS ou encore on m’a parlé de Colod’art qui devrait me plaire.

Mais je choisi la Ruelle Sainte Marguerite, la rue la plus étroite du centre de Strasbourg !

Frühstück : Enfin, la question bonus, qu’as-tu l’habitude de manger au frühstück ?

Un clown.

 

Un grand merci à Arnocraft pour ses réponses, retrouvez-le sur son compte Instagram pour suivre son travail de plus près !

 

Crédits photo : Arnocraft
Porte-cartes Jordan : Bartosch Salmanski
Photo de profil : Rémy Eyraud