En ce moment se déroule à Paris un événement sur la typographie, Type Paris. Ce workshop de 5 semaines est réservé à une quinzaine d’artistes, sélectionnés dans le monde entier. On a rencontré juste avant le coup d’envoi le strasbourgeois Blah a.k.a. Benjamin Blaess, qui a été choisi dans l’équipe. Pour l’occasion, on est retournés au Café du Tribunal. Un café et c’est parti.

Frühstück : Salut Blah. Alors déjà, pourquoi Blah ?

Blah : Ça a pas mal d’origines, mais principalement, mon nom de famille, c’est Blaess. Du coup, ça a été un diminutif logique, pour moi. Et puis, mon nom de domaine, c’est blah.cool. Ça fait marrer les gens quand je leur envoie des mails. Donc c’est cool.

Frühstück : C’est cool. Et c’est quoi ton parcours ?

Blah : Alors, justement… J’ai déjà fait d’autres trucs avant le graphisme. J’avais fait un BTS dans la compta, rien à voir. J’ai bossé un an en tant que comptable. Le truc, c’est que tous les matins, j’allais au boulot, et ça me saoûlait. Je me suis vite dit, j’ai 20 ans, si ça me soule tous les matins d’aller bosser, autant trouver un autre truc. Du coup, je me suis dirigé vers le graphisme. J’aimais dessiner depuis tout petit, et ça m’a paru assez naturel. Je suis sorti l’an dernier de LISAA. Du coup, là j’ai 24 ans. Depuis l’été dernier je travaille à Strasbourg, dans une agence. Et mon contrat vient de se finir. J’ai été pris à Type Paris, une formation condensée de 5 semaines sur la typo. 9h, 19h, tous les jours, à juste dessiner de la typo. C’est créé par Jean-François Porchez. Franchement, je suis hyper content, d’autant que ça fait longtemps que je me dis que je veux avoir des projets vraiment axés typo.

12-blah-posters

Frühstück : Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire de la typo ?

Blah : À vrai dire, je crois que c’est un peu un truc inconscient… Depuis petit, quand je griboullais, j’étais attiré par les lettres. Je sais pas trop pourquoi… Et petit à petit, en découvrant le graphisme, pendant mes études, je me suis dirigé vers ça. Ce que j’aime bien, c’est que dans le graphisme, dans le design, c’est une matière première. Il y en a partout, on ne la voit plus. Ce sont des formes, en même temps pleines de sens, puisqu’elles veulent dire quelque chose, et en même temps, elles sont abstraites. Je trouve ça paradoxal. Du coup, je me suis tenté au lettrage. Et là, petit à petit, j’essaye de me focaliser sur la création de polices de caractères, que tout le monde pourrait ré-utiliser, mais ça reste du balbutiement pour l’instant. C’est marrant, t’en as plein qui n’en ont rien à foutre des lettres… mais c’est super esthétique pour moi.

1-blah-kdick

2-blah-kdick-gif

Frühstück : Et qui c’est qui t’a poussé, encouragé à te diriger vers ça ?

Blah : Pendant mes études, j’ai eu de bons profs. Notamment un bon prof de typo, qui s’appelle Pierre Roesch. Il est prof aux Arts Déco à Strasbourg, et franchement, il connaît tout. C’est assez inspirant de parler avec lui, d’apprendre des choses de lui. Sinon, des mecs comme Herb Lubalin, forcément…

7-blah-rcarved

Frühstück : Tu disais que t’avais un boulot, tu fais de la typo là-bas, ou à côté ?

Blah : Nan alors au boulot je suis plus graphiste “traditionnel”, je bosse sur des identités ou de l’édition… Mais dès que je peux mettre un peu de lettrage sur les projets, et que c’est adapté, j’essaye. Sinon, c’est plutôt chez moi que je bosse mes lettrages. Je fais beaucoup de calligraphie aussi. Le boulot en tant que graphiste me plaît aussi. Mais c’est vrai que dans mes lettrages perso, j’ai aucune contrainte…

3-blah-love-handpaint

Frühstück : Et ton process pour tes lettrages ?

Blah : Comme dit, je m’inspire beaucoup de la calligraphie. Je vais souvent commencer par faire un truc à la plume, ou au pinceau biseauté, ce genre de trucs. Après je vais le retravailler au crayon, avec du papier calque. J’ai des millions de croquis sur des papiers calques, je bosse pas assez sur carnet (rires). Sinon je vectorise ensuite sur Illustrator, ou sur Glyphs pour le dessin de lettres.

6-blah-sketches

8-letters-drawn-sample

Frühstück : Tu fais du graffiti aussi ?

Blah : Franchement… non. J’ai laissé deux ou trois peintures sur des murs, mais j’appelerai pas ça du graffiti (rires). Je laisse ça à ceux qui sont vraiment forts là-dedans. Après c’est vrai que je trouve ça vraiment cool d’avoir un mur devant toi, et de pouvoir le remplir de couleurs. Mais c’est pas mon truc.

Frühstück : Et c’est quoi le truc dont tu es le plus fier en typo ?

Blah : Peut-être même pas en typo, mais juste en graphisme, mais c’est d’avoir recommencé mon cursus pour quelque chose qui me plaît. En plus j’ai été publié dans un Étapes. Je me dis que ça c’est cool parce que ça me conforte dans l’idée de continuer. J’avais fait un lettrage pour le logo du Domaine du Petit Poucet, le projet qui est dans le magazine. Comme quoi, j’essaye toujours de caser un travail sur les lettres dans ce que je fais.

11-blah-petit-poucet

9-blah-petit-poucet

10-blah-petit-poucet

Frühstück : Tes projets à plus long terme ?

Blah : Alors là, projet à court terme, ce sera Type Paris, faire une pause typo et kiffer ça à fond. Après, c’est surtout de gagner de l’expérience, que ce soit dans un studio, ou dans une petite agence, ou même chez un mec qui fait de la typo… Pourquoi pas !

On verra, pour l’instant c’est encore assez flou !

4-blah-love-letters

13-blah-surprisecool

Frühstück : C’est flou, mais… ton rêve ?

Blah : Mon rêve ? Ce serait de réussir à vivre de quelque chose que j’aime tous les jours. Ce qui me déplaît vraiment, c’est quand il n’y a pas de réflexion derrière un projet. Je préfère faire quelque chose qui a du sens, même si c’est pour des toutes petites entités.

Frühstück : Et pour finir, tu manges quoi au Frühstück ?

Blah : Alors moi, au petit déjeuner, il y a un indispensable : le jus d’orange. C’est primordial. Après, ça peut être de tout, un café, des tartines, des céréales, comme les enfants… Mais s’il n’y a pas de jus d’orange, c’est mort.  

 

Merci à Blah pour ses réponses !
Retrouvez son travail : www.blah.cool et sur son instagram.

 

0 Comments

Cancel