360 triple tailwhip

Le NL Contest s’est terminé il y a presque trois mois et pourtant, je garde un souvenir mémorable de cette dixième édition du festival des cultures urbaines de Strasbourg.

Je pourrais écrire un rapport complet et vous parler en détail du village exposants, des animations, des concerts et même des différentes compétitions. Mais aujourd’hui, ce que je retiens le plus de ce NL Contest 2015, c’est la finale du contest de BMX.

Et quelle finale !

Dimanche 24 mai, aux alentours de 18h.

Les finalistes viennent d’avoir chacun deux manches individuelles pour impressionner le jury en combinant style, technique et amplitude. Le niveau était au rendez-vous et les les riders ont replaqués les tricks les plus incroyables.

Parmi eux, Joël Bondu, un jeune québécois de dix-neuf ans. Pour l’œil non averti, son BMX ne paie pas de mine. Et pourtant, le niveau de Joël est incroyable. Il survole littéralement chaque module et chacun de ses tricks est plus impressionnant que le précédent. A chaque figure replaquée c’est l’euphorie générale. Le public est bouillant. D’ailleurs, ça fait plaisir à voir. Les deux premiers jours de compétition, j’avais trouvé le public strasbourgeois plutôt calme. Il aura fallu donc attendre le jour des finales pour le voir se réveiller.

Chaque finaliste est passé, c’est maintenant l’heure du « best-trick ». Les riders ont chacun quelques essais pour faire le trick le plus dingue afin d’ajouter des points bonus à leur score final.

J’ai le privilège d’être accrédité pour faire des photos, mais tous les coins du skatepark sont pris par d’autres photographes et cameramen. Il va me falloir trouver un autre angle de prise de vue. Je décide de me rapprocher de l’endroit où les riders sont posés pour attendre leur tour. C’est surélevé et on profite d’une bonne vue sur l’ensemble du skatepark. L’ambiance est à la rigolade et à l’encouragement entre compétiteurs.

Le niveau était si haut pendant les runs de finale que je me demande de quels tricks fous je vais être témoins pendant cette session de best-trick. Je ne suis pas déçu. Chaque compétiteur essaie de faire plus grand, plus haut et plus technique. Maxime Charveron, rider français, vient de rentrer pour la première fois un énorme 540 barspin. Une rotation complète de son guidon tout en effectuant un tour et demi sur lui-même, en atterrissant donc en marche arrière. Même le speaker n’en revient pas.

Les riders et les tricks s’enchaînent les uns après les autres. Si le public était chaud pendant les manches de finales, il est maintenant en feu. L’ambiance devenue est complètement folle.

Même les gars de la sécurité, happés par le spectacle, ont abandonné leurs postes et sorti leurs smartphones pour filmer le contest. Une partie du public en profite pour franchir les barrières et se rapprocher du skatepark. A chaque nouvelle figure, tout le monde a les mains en l’air et se regarde. Certains se prennent même dans les bras. Ben, co-auteur de Frühstück, regarde la scène. Je le vois rigoler, il n’en revient pas du joyeux bordel qui se déroule à ce moment là.

La scène est telle que je détourne mon l’objectif de mon appareil photo des riders pour capturer les sourires et les yeux écarquillés des visages du public.

Un peu caché derrière le public, je remarque Joël Bondu. Il est retranché dans sa bulle. Alors que tout le monde est euphorique, je suis impressionné par sa concentration. Il se laisse à peine distraire par l’effervescence ambiante. Mentalement, il répète le trick qu’il s’apprête à dévoiler aux juges. Après tout le talent qu’il vient de nous montrer, je me demande ce qu’il a encore en réserve.

Son tour est arrivé. Il s’élance et, après plusieurs essais, rentre un gigantesque 360 triple tailwhip. Comment expliquer simplement ? Il effectue un tour entier sur lui-même et, en même temps, fait tourner son BMX trois fois sur lui-même autour du guidon. Ça paraît compliqué ? Ça l’est ! A seulement 18 ans, je lui promets un bel avenir dans le milieu.

Après un tel spectacle, Joël Bondu est sans surprise sacré vainqueur de cette finale. Il est suivi par le hollandais Daniel Wedemeijer et Maxime Charveron.

La journée s’achève, le public quitte lentement le lieu de compétition au son des DJ qui ont assuré l’ambiance pendant près de trois jours sans s’arrêter. Dans les haut-parleurs, le speaker annonce l’édition 2016 et promet une édition encore meilleure que celle que l’on vient de vivre.

Meilleure ?

Le rendez-vous est pris.

Allez, on fini quand même avec une belle fournée de photos de cette édition 2015 du NL Contest.