Ce matin, on entre dans un café avec RobaduB et Amatao. Respectivement rappeur, et clippeur. Leur dernier projet, Videotape a attiré notre attention. Une réelle alchimie entre le son et le visuel s’en dégage, avec un parti pris graphique bien défini. Bref, on s’installe, la commande est prise, et on les laisse prendre la parole.
RobaduB : Alors, moi c’est Robin. Connu également sous le nom de RobaduB. Et puis bah, je fais du rap depuis 5 ans, environ, à Strasbourg. Et j’ai récemment sorti le projet Videotape, avec mon ami Amatao, ici présent. Un clip a également été réalisé avec Loic Bricka. Dans la vie, je travaille dans un hotel. Je suis veilleur de nuit.
Amatao : Bah moi pareil, je fais des vidéos, et à côté, je travaille dans un restaurant. Je suis barman. Et donc clippeur, à mes heures perdues.
Frühstück : Et comment vous êtes-vous rencontrés ?
RobaduB : Longue histoire. En fait, on était ensemble à l’école primaire. On faisait le conservatoire ensemble.
Amatao : On était entrés dans des classes spéciales, pour faire le conservatoire en même temps que les cours. Et c’est comme ça qu’on est arrivés dans la même classe. Mais on était pas potes au début.
RobaduB : Si, un peu. Mais pas potes comme maintenant. On était juste camarades de classe quoi. Au conservatoire, je faisais de la percussion. Et lui, de la flûte traversière.
Amatao : On a toujours été dans la même école. Le même collège. Le même lycée.
Frühstück : Et comment être passé des percussions et de la flûte, au…
Amatao : Au rap et aux clips ? (rires)
RobaduB : Moi j’ai toujours écouté du rap. Depuis que je suis petit. Après, comment être passé des percussions au rap ? Bah disons que c’est très rythmique comme style de musique. Du coup, j’ai un peu retrouvé ce que j’aimais. Et dans l’adolescence, j’ai découvert que j’aimais bien écrire. Faire des rimes, tout ça. J’ai lâché complètement les instruments pour me consacrer au rap.
Amatao : Moi j’ai toujours fait de l’image. Je dessinais un peu quand j’étais jeune. Après, j’ai fait de la photo. Et puis de la vidéo. C’était un peu la suite logique.
Frühstück : Est-ce que certaines personnes vous ont inspirés pour arriver là où vous en êtes aujourd’hui ?
Amatao : Eminem (rires). Forcément.
RobaduB : Ouais, quand j’étais enfant. Eminem, première inspiration. Et après j’ai écouté beaucoup de rap engagé. Les années 90. Assassin, NTM, IAM. Médine, Keny Arkana. Après, je me suis intéressé au rap en général. Tout ce qui a des rimes recherchées. Une écriture assez fine. Ça peut être du hardcore aussi, ou du commercial. Un peu de tout, quoi.
Amatao : Moi dans la vidéo, il y a plein de choses. Toute vidéo, toute image peut m’inspirer. Que ce soit du dessin, de l’animation, de la vidéo, du trucage. À partir du moment où ça a été clippé, je peux m’en servir comme d’une inspiration. Mais s’il faut citer des noms, j’aime bien ce que fait Michel Gondry. Avec son côté “bricolage”, “débrouillard”. Ça fonctionne toujours visuellement. Et il a fait beaucoup de clips. Je regarde souvent ce qu’il fait. Sans oublier Michael Jackson, évidemment.
Frühstück : Du coup pour le matos, vous tournez avec du pro, ou des appareils photos d’il y a 8 ans ?
Amatao : Alors pas d’il y a 8 ans. Mais j’ai un appareil photo réflexe, et pas beaucoup de matos en plus. Mais c’est notre manière de faire. Des trucages un peu cheap, intentionnels, pour développer une esthétique. Je suis limité dans mon matériel, et cette contrainte génère de la créativité. Même le fait de ne pas pouvoir se voir tout le temps. Dans le dernier clip, Crastinateur Pro, on avait pas trop le temps de se voir. Alors à chaque fois qu’on avait l’occasion, on tournait quelques séquences. D’où la multitude de plans, en gros un melting pot de plein d’idées visuelles.
Frühstück : Comment qualifieriez-vous votre projet Videotape ? Dans quel style inscrivez-vous ?
RobaduB : C’est un rap un peu… décalé. Mais j’aime bien faire chialer aussi. Des trucs à écouter dans le casque, tu vois. Qui font réfléchir. Au niveau musical, c’est beaucoup basé sur le sample. J’essaye de prendre des influences un peu partout. Du reggae, du jazz, des choses plus modernes.
Amatao : L’idée de Videotape, c’était en gros de mettre de la musique et de la vidéo au même niveau. Développer l’image autant que le son. Que je puisse vraiment proposer des idées, et poser un univers différent et une idée différente sur chaque son.
RobaduB : Ouais, souvent on a une idée de musique, en même temps que l’idée du clip. Ce n’est pas moi qui écrit des textes, et lui qui en crée une vidéo. Parfois c’est lui qui me donne des idées. Bref, on crée ensemble. C’est pour ça que c’est une Videotape. Comme une mixtape de clip.
Amatao : Je peux pas mieux résumer (rires).
Frühstück : Combien de temps passez-vous sur une prod ?
RobaduB : Alors c’est très difficile de répondre à cette question. Ça peut être 2 heures, comme ça peut être 2 mois. Il arrive que j’écrive un son. J’appelle un pote le lendemain, je l’enregistre. Je filme un clip à l’arrache et je le sors. Et puis d’autres sons, j’écris le début. Puis j’y touche plus pendant 3 mois. Avant de trouver l’idée parfaite pour la fin. 3 mois après. Ou 5 mois. Ou 6. C’est complètement aléatoire en fait.
Amatao : Ça dépend souvent du temps qu’on a pour nous. Ça peut être super rapide, mais avec le clip, ce sera toujours une semaine ou 2 au moins de montage. Mais oui, c’est vraiment aléatoire, ça dépend des sons.
Frühstück : Est-ce que vous avez des collabs en vue ? Vous venez de la musique plus “académique”, est-ce que vous prévoyez de mettre des vrais instruments ?
RobaduB : Pour l’instant, il n’y a rien de concret. Mais c’est un truc que j’aimerais personnellement faire. Pour l’instant, j’ai pas les moyens. Mais c’est une opportunité que j’aimerais bien trouver au fil de l’évolution des choses. Mais sinon je fais des collaborations avec des potes. Il y a Elios, Naranja, Poquelin, c’est des potes avec qui je rappe souvent. On fait partie d’un collectif, le 44. 2 autres potes en font partie, c’est avec eux qu’on a vraiment commencé à rapper : Shema et Inwood. Avec qui on a des projets en commun aussi.
Frühstück : A terme, vous voudriez vivre de ce genre de projets ?
Amatao : Pour l’instant on fait ça comme ça. Après bien sûr, on se dit que si c’était possible de faire que du rap, et que du clip, ce serait stylé. Mais on sait que c’est pas aussi simple.
RobaduB : On le fait déjà par passion.
Amatao : Oui tout est gratuit, sur internet. Faut que ce soit avant tout du partage. Et puis après, s’il y a une opportunité, on verra. Mais ce n’est pas l’objectif premier. Même si ça reste dans un coin de la tête.
RobaduB : Et si ça n’arrive pas, on ne sera pas déçus. On fait le maximum, malgré nos difficultés, en étant complètement indépendants et sans budget. Et juste à 2. Mais les gens reconnaissent ça au bout d’un moment. De voir que tu es actif et que tu fais ça pour eux. Ils te le rendent à un moment. Après, il y a aussi beaucoup de projets qui se font par financement participatif. On pourrait viser ça, à moyen terme.
Frühstück : Et votre promo, vous la faites comment ?
Amatao : Tout sur le net. Directement via nos pages. C’est très sommaire mais on partage sur Facebook. Il n’y a pas plus que par internet.
Frühstück : Les salles, c’est un objectif ?
Robadub : On fait des concerts de temps en temps dans les bars. Des passages à droite à gauche.
Amatao : C’est vrai que c’est là où on est peut-être un peu en retard. On n’est pas très actifs sur scène. C’est pour ça qu’on essaye d’être vraiment actif sur internet. C’est pas à Strasbourg que t’auras le plus d’opportunités pour faire du rap avec un public qui soit vraiment à l’écoute de ce que tu vas faire. Mais si on pouvait avoir plus de chances de faire des concerts, on le ferait bien.
Frühstück : Et l’après Videotape, ça donne quoi ?
Robadub : Il y a d’autres projets vidéos qui sont en cours. Qui vont arriver plus tard.
Amatao : Et on va faire une coloc !
Robadub : Ouais on va se mettre en coloc. Comme ça, si on a une idée dès le matin, on se la fait.
Amatao : Ce sera plus simple d’organisation ouais (rires). Mais ouais il y a déjà des sons enregistrés pour la suite, pour le prochain projet. On attend encore un peu avant d’en parler. Il y a 2-3 idées. Il nous reste encore un clip à sortir sur Videotape, on va se concentrer à le finir.
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Frühstück : Et la dernière question, qu’est-ce que vous prenez habituellement au frühstück ?
RobaduB : Quand je me lève tôt, un café. Et parfois, un petit pain au chocolat. Mais comme je travaille la nuit, si tu considères que le frühstück peut être pris l’après-midi, ça va plutôt être pizza.
Amatao : (Rires) Moi c’est un bol de céréales. Ou des petits pains. Quand j’ai le temps, je prends cash un brunch. Sinon c’est simple : jus d’orange, viennoiseries, chocolat chaud. Je bois pas de café. Jamais. C’est ça le secret.
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